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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 21:05

Sur le Psaume 78

  

(...) Plus on aime l'Eglise, plus on a l'esprit de Dieu, car cet esprit anime l'Eglise ; plus on est donc uni à l'Église, plus on est unis à l'Esprit Saint qui habite en elle. Prions, prions beaucoup pour cette Mère chérie, cette épouse si chère à Jésus, sa bien-aimée, sa colombe, celle qu'aime son COEUR... Plus nous aimons cette bien-aimée de Jésus, plus nous serons unis au COEUR de Jésus, plus notre cœur sera conforme au SIEN.

 

(Charles de Foucauld, Qui peut résister à Dieu ?, page 231)

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11 janvier 2012 3 11 /01 /janvier /2012 21:35

Charles de Foucauld, le savant bienheureux

 

      C'est sous ce titre que le site Internet de Famille Chrétienne publie à la date du 6 janvier 2012, une présentation par Bénédicte de Saint-Germain d'un livre récent, « Charles de Foucauld, explorateur malgré lui » écrit par de Bénédicte Durand, et coédité par Glénat/La Société de géographie, 192 pages. Voici l'intégralité de cette présentation. LT

 

    "Prêtre et mystique, le bienheureux Charles de Foucauld était aussi un scientifique. Ses observations firent considérablement progresser la connaissance géographique et ethnologique de l’Afrique du Nord. L’historienne Bénédicte Durand dévoile l’homme de science caché derrière le religieux.

    "À 27 ans, le 24 avril 1885, Charles de Foucauld reçoit la grande médaille d’or de la Société de géographie de Paris pour sa Reconnaissance au Maroc (1883-1884). Pendant près d’un an, le jeune homme a parcouru à pied clandestinement ce territoire fermé et méconnu. Le travail scientifique qu’il publie est une somme de découvertes: il a tracé le réseau hydrographique des régions parcourues, noté tous les villages et compté le nombre des fusils, identifié les cultures, les routes, pris toutes sortes de mesures. Il a aussi mis en évidence la structure de la chaîne montagneuse de l’Atlas dont l’orientation sur les anciennes cartes était erronée.

     "Par quel miracle, ce jeune officier, oisif et médiocre, s’est-il transformé en explorateur reconnu? Avant son expédition marocaine, Foucauld s’est fermement ennuyé. Aucune discipline n’éveillait son intérêt à l’exception d’une seule dans laquelle il montre des dispositions naturelles à défaut d’y faire preuve de travail: la géographie. Fin observateur, doué pour le dessin, il est capable de décrire avec précision n’importe quel paysage. En 1881, il participe avec son régiment, le 4e chasseurs d’Afrique, à une bataille dans le Sud-Oranais. Là-bas, «ce lettré fêtard, écrit son camarade Laperrine, se révèle être un soldat et un chef». Surtout, cette aventure inocule en lui le virus du Grand Sud et le goût de l’inconnu.

     "Déguisé en juif, il pénètre dans un pays interdit aux chrétiens. Là, avec un luxe de précautions inouï, il observe: «Tout mon itinéraire a été relevé à la boussole et au baromètre. En marche, j’avais sans cesse un cahier de cinq centimètres carrés caché dans le creux de la main gauche; d’un crayon long de deux centimètres, qui ne quittait pas l’autre main, je consignais ce que le chemin présentait de remarquable, ce qu’on voyait à droite et à gauche […], les accidents de terrain, […], l’heure et la minute de chaque observation, les arrêts, les degrés de vitesse de la marche, etc. ». Au retour, il compile ses notes et compose Reconnaissance au Maroc dont les indications, notamment les cartes au 1/250000, resteront longtemps la référence pour les voyageurs, les militaires et les géographes.

     "Sa mission achevée, Foucauld poursuit sa recherche de l’absolu. Il ne sondera plus la profondeur des oueds, mais celle des âmes. Sa carrière d’explorateur s’achève-t-elle pour autant? Moins que jamais! «Sa passion de jeune homme s’est peu à peu imposée comme un auxiliaire indispensable à sa mission», explique Bénédicte Durand. Seul l’objectif a changé. Le Père de Foucauld brûle d’apporter Jésus aux Touaregs, peuple qu’il estime. Mais pour évangéliser, il faut connaître.

     "Infatigable, il parcourt le Hoggar puis le Sahara, acceptant, quand il le peut, d’accompagner des colonnes militaires, notant au passage tout ce qu’il voit. Il visite, rencontre les nomades, les soigne… et les observe en ethnologue passionné. Parallèlement, il travaille à comprendre leur langue, rédige plusieurs dictionnaires et traduit des poèmes recueillis au cours de ses missions. Partout, le même souci du détail, de la précision.

     "Ermite contrarié, il ne cesse de recevoir des hôtes de passage : savants, explorateurs, militaires avec lesquels il entretient une correspondance riche en informations et en conseils. Lorsque ces travaux seront publiés, Foucauld exigera que «nulle part son nom ne soit prononcé». Dans son beau livre, abondamment illustré de photos, cartes et croquis réalisés par le Père Charles de Jésus, Bénédicte Durand rend justice à l’humilité scientifique d’un saint des temps modernes."

Bénédicte de Saint-Germain

 

      Source :

      http://www.famillechretienne.fr/livres/sciences-humaines/histoire-et-civilisation/charles-de-foucauld-explorateur-malgre-lui_c6_s281_ss282_d63613.html

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10 janvier 2012 2 10 /01 /janvier /2012 20:50

Au Maroc en suivant Foucauld

 

 

      Sous le titre "Au Maroc en suivant Foucauld", et sous la plume de J. Ladreit de Lacharriere, la Société d'Editions Géographiques Maritimes et Coloniales de Paris publiait en 1932 un ouvrage faisant revivre par le texte et l'illustration la "Reconnaissance" de Charles de Foucauld au Maroc.

      Une revue franciscaine mensuelle de l'époque, Le Maroc Catholique, en donnait une recension dans son numéro de juin 1932, pages 182-183, recension qui s'achevait par les considérations suivantes par lesquelles l'auteur (sans doute le Père Achille Léon o.f.m.) résumait l'attitude foucauldienne :

 

     Le Maroc a été, pour Foucauld, l'école du "devoir personnel". En retour, toute sa vie, il demeurera "à la disposition de ce sol", y ayant rencontré à côté de grandes occasions de souffrances de toutes sortes, "des âmes d'élite, franches, délicates, riches de dons spirituels et moraux", dignes d'attirer la "sympathie de son coeur".

      Il recommande de pratiquer le travail d'approche, "de se faire aimer, d'inspirer l'estime, la confiance, l'amitié", et, pour cela de "connaître suffisamment la population" ; de poursuivre "une oeuvre d'élévation morale, de modifier les idées des indigènes par l'exemple de notre vie ; de leur enseigner par un contact journalier, étroit, ce qu'on apprend dans la famille, se faire leur famille..."

      "Apprendre à connaître pour apprendre à aimer", dira Laperrine.

      Pour continuer une oeuvre de haute "civilisation pacifique, intellectuelle et morale" il n'est besoin que d'écouter Foucauld.

      "L'explorateur du Maroc, avec toute sa foi, sa charité, son expérience des âmes maghrébines, a tracé la règle du devoir de sympathie mutuelle pour tous les hommes de bonne volonté."

      Rechercher avec une longue patience et développer ce qui unit.

      Devoir tout de paix et d'estime réciproque.

 

      (Source : Le Maroc catholique, Rabat, Maroc, juin 1932)

 

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 19:50

L'oeuvre scientifique de charles de Foucauld (19 et fin)

 

 

     (Avec cette dix-neuvième partie s'achève la publication sur ce site de l'article dont on peut lire l'introduction au 8 décembre 2011)

 

     Foucauld, homme du siècle et profane, survivra comme un savant, un précurseur et un pionnier. Cela ne nuit en rien à sa valeur spirituelle, mais complète la personnalité originale et exceptionnelle de celui à propos duquel le « mécréant » Gautier – le mot est de ce géographe lui-même – écrit : « la palme du martyre a couronné une existence à propos de laquelle le mot de saint vient naturellement aux lèvres. »

 

     Belle figure d’homme que cet officier, devenu explorateur remarquable, « assuré d’un grand avenir », parcourant le Maroc inconnu et les oasis sahariennes de Mogador à Gabès, précurseur en géographie !

      Il semble que la religion va priver l’humanité d’un de ses génies. Au contraire, elle le purifie au feu de l’humilité, du renoncement, de l’amour divin. Science et religion, une fois de plus, ne sont pas incompatibles, car pour l’amour de Dieu, cette fois, et non plus pour le seul goût de l’aventure et du danger, le Père de Foucauld se penche sur le peuple touareg, presqu’ignoré, l’aime, lui arrache les secrets de sa langue fossile. Et l’ermite du Sahara, qui a parcouru dans sa vie aventureuse quelques 30.000 kilomètres, nous laisse une œuvre linguistique des plus solides et une œuvre ethnographique encore inédite ! Foucauld l’Africain a bien mérité de Dieu et de la Science !

 

      Heureux pays, cette France, qui a vu naître, après un Père Marquet, explorateur du Canada, un Père de Foucauld explorateur de l’ensemble du Maghreb et jusqu’au cœur du Sahara. Puissions-nous trouver là une raison d’espérer, puisque la France conserve le renom de ses saints et de ses savants.

 

Robert Tinthoin

Archiviste en chef du département d’Oran

Directeur et Conservateur du Musée Demaeght

 

     (Source : Cahiers Charles de Foucauld, numéro du début de l'année 1952)

     (Les soulignements du texte sont de nous. LT)

 

 

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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 00:00

L'oeuvre scientifique de charles de Foucauld (18)

 

 

     (Voir introduction de cette série au 8 décembre 2011)

 

     Cette enquête linguistique se trouve, de plus, être une mine de documents ethnographiques très précieux sur la vie, les mœurs, les objets utilisés pour la culture, l’habitat, l’alimentation, les usages ménagers, la parure, les armes, l’élevage, les distractions des Touareg. C’était là un côté peu connu de son œuvre, contenu dans son dictionnaire touareg- français complet, resté malheureusement à l’état manuscrit, mais que le R.P. Coudray nous a permis de consulter en partie.

De même qu’il a été un précurseur parmi les géographes par sa « Reconnaissance au Maroc », de même il a été un précurseur parmi les ethnographes. Son œuvre linguistique se double donc de l’étude de toutes les manifestations matérielles de l’activité des Touareg, en même temps que de leurs mœurs et coutumes.

     Écrit d’une écriture fine, moulée, les douze cahiers du dictionnaire sont bourrés de notes et illustrés de croquis du plus haut intérêt. Ce n’est pas un simple dictionnaire, mais une véritable encyclopédie.

     Singulière curiosité d’esprit qui nous renseigne sur la constitution et l’orientation de la tente dite « ehen », « l’imzad », le violon et le « ganga », petit tambour plat, tous deux utilisés dans les cours d’amour ou « ahâl », la coiffure des femmes de l’Ahaggar, le « tadabout », lit divan utilisé dans l’Aïr, mais rare dans l’Ahaggar, les « ened », artisans en bois et métaux, la toponymie, les plantes, les animaux, la parure, le costume et bien d’autres choses encore…

 

     De 1883 à 1916, les aptitudes scientifiques de Charles de Foucauld sont restées semblables à elles-mêmes. Esprit curieux, il l’est resté, s’intéressant intensément au milieu qui l’entoure. Cependant une évolution s’est dessinée, au cours des 33 dernières années de sa vie.

     L’officier devenu explorateur, puis ermite, a réduit son rayon d’action, étendu d’abord à l’ensemble de l’Afrique du Nord, surtout aux pays des steppes et du désert ; il s’est enfin limité au milieu local dans lequel il vit : l’Ahaggar, mais où il circule.

     Pendant quinze ans, Foucauld s’intéresse donc à une région naturelle, d’autant plus importante qu’elle était pour ainsi dire totalement inconnue avant lui, et dont il a contribué à faire connaître le nom même et à y attirer les chercheurs.

     Au Maroc, son attention est dispersée vers l’observation de tous les phénomènes géographiques : à la fois physiques et humains, sociologiques et ethnographiques.

     Dans l’Ahaggar, le moine – par suite de ses préoccupations religieuses – s’occupe plus de l’homme que du milieu dans lequel il vit. La géographie survit encore quand il note, dans ses lettres, le climat, le relief, les genres de vie, mais c’est surtout un ethnographe d’une extrême minutie ce que l’on pourrait montrer d’après la foule des notations réunies dans son dictionnaire touareg-français complet. Parallèlement, il continue à dessiner des vues panoramiques, mais s’attache surtout à des croquis ethnographiques de valeur.

 

(à suivre)

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7 janvier 2012 6 07 /01 /janvier /2012 21:02

L'oeuvre scientifique de charles de Foucauld (17)

 

 

     (Voir introduction de cette série au 8 décembre 2011)

 

     Pour bien comprendre l’œuvre scientifique réalisée par Charles de Foucauld, il faut d’abord se rendre compte des conditions matérielles dans lesquelles il a travaillé. Foucauld a étudié sous une température maxima de 52 degrés à l’ombre, pendant un été pénible durant six mois par an, au rythme de 11 à 12 heures par jour, la nuit à la clarté vacillante d’une bougie, sur une table étroite et bancale. Ce travail de brouillon et de mise au point manuscrite suppose une information étendue, de tous les instants, auprès de tous les Touareg qu’il a rencontrés et visités ou qui sont venus le voir. Que de conversations, que de mots enregistrés ! Sa rédaction définitive est la surcharge d’un nombre considérable de notes intéressant les synonymes, les antonymes, la grammaire, la diversité des sens propres ou figurés. Il s’agit, en somme, d’un véritable héroïsme scientifique. L‘ascète du Hoggar n’est pas seulement un contemplatif, il donne une large part à l’étude et fait œuvre de savant en linguistique. En deux mots, Foucauld est le bénédictin du désert.

 

     René Basset, bon juge en la matière, écrit que « la pièce maîtresse de ces travaux linguistiques en est assurément le dictionnaire touareg-français abrégé, avec le tableau des conjugaisons et le dictionnaire abrégé des noms propres. Viennent ensuite les poésies, puis les notes pour servir à un essai de grammaire et les textes en prose augmentés des proverbes et des énigmes. » Il ajoute : « Foucauld n’a pas seulement envisagé une enquête partielle, mais a voulu une enquête générale. » « Il a réalisé une œuvre scientifique de haute valeur et cela sans vouloir être un savant », ce qui est un paradoxe (Cité par Coudray, Charles de Foucauld, 1949, page 37).

 

     Motylinski l’avait bien prévu, au cours de sa mission de 1906 : « Pour faire le dictionnaire du dialecte de ce pays, il faudrait passer vingt ans, en parler la langue comme sa langue maternelle et en composer le vocabulaire sans le secours d’aucun informateur » (Dictionnaire abrégé Touareg-Français (dialecte Ahaggar) publié par René Basset – Tome I – Avertissement, pages 1 et 2).

 

     (à suivre)

 

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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 23:52

L'oeuvre scientifique de charles de Foucauld (16)

 

 

     (Voir introduction de cette série au 8 décembre 2011)

 

     En 1904, quand Foucauld a décidé de s’établir en pays targui, il profite de sa tournée d’apprivoisement des Touareg, en compagnie de Laperrine, pour apprendre la langue parlée par environ 100.000 individus. On lui dit que « le lieu le meilleur pour étudier « le tamahak ou tamachèq est Akabli, où tous les habitants le parlent et où il y a sans cesse des caravanes » (Gorrée, Sur les traces de Charles de Foucauld, page 222). Avec sa décision et sa ténacité habituelles, il résout de s’y rendre pour étudier « de toutes ses forces ».

     Une quinzaine de jours après, le commandant Laperrine écrit : « Foucauld travaille ferme le touareg à In Salah… il a épluché, à fond, mes archives… il comprend très bien que tout rêve doit être précédé de la connaissance de la langue » (ibid., page 189). Arrivé à Akabli, dans la Tidikelt, le Père commence aussitôt à prendre des leçons de tamahaq avec un homme du pays Settaf, qui a longtemps voyagé chez les Touareg.

     Foucauld poursuivra son effort jusqu’à sa mort. « Ma résolution – écrit-il en janvier 1906 – est de travailler de toutes mes  forces et de plus en plus aux travaux de lexique et de grammaire, destinés à faciliter l’œuvre de ceux qui me suivront » (Gorrée, Sur les traces de Charles de Foucauld, page 213).

     Le 30 mars 1907, « sous sa tente étroite, Foucauld travaille jusqu’à une heure avancée de la nuit, à la lueur d’une bougie, tandis qu’au dehors le vent fait rage et que les  gouttes de pluie crépitent sur l’étoffe tendue… » (ibid., page 222).

     Lorsque son temps n’est pas pris par les causeries avec les Touareg, il étudie leur langue, profite de ses tournées et de la présence de beaucoup de Touareg pour faire connaissance avec eux et recueillir des documents.

     Du 1er octobre 1907 au 1er janvier 1908, il travaille de façon effective, durant 60 jours, en compagnie d’un Touareg, connaissant à la fois l’arabe et le tamahaq. Ils révisent en semble son lexique (ibid., page 231-233).

     Enfin le 9 octobre 1910, cet ouvrage est achevé, mais en janvier 1913, il prévoit qu’il lui reste au moins trois ans de travail à faire seul : copie et corrections ; il envoie le premier bon pour imprimer. Il souligne, par humilité, que ses études ne seront publiées ni par lui ni sous son nom, mais par Basset, berbérisant et doyen de la Faculté des Lettres d’Alger, sous le nom de leur ami commun Motylinski, mort en 1907 (ibid., page 284).

     Le 27 février 1914, il achève son premier dictionnaire et le 8 mai il commence la rédaction du dictionnaire touareg-français développé. En juin, il travaille tous les jours à cet ouvrage et ne sort presque jamais. Le 31 juillet il en est à la page 385 (ibid., page 300), puis à la page 550 au 31 août, en juin 1915 à la lettre Z, enfin, le 2 août ce deuxième dictionnaire est prêt à être imprimé (ibid., page 310) (NdLT : il ne le sera qu’en 1951, par l’Imprimerie Nationale, à Paris !) et il se met déjà à la copie pour l’impression des 575 poésies qu’il a recueillies. Le 1er décembre 1916 – le jour de sa mort – il indique qu’il «  achevé, pour l’impression, des Poésies et Proverbes » ; la grammaire « l’effraie d’avance » (ibid., page 327-328). Son travail restera inachevé.

 

     (à suivre)

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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 22:36

L'oeuvre scientifique de charles de Foucauld (15)

 

 

     (Voir introduction de cette série au 8 décembre 2011)

 

     Nous possédons un court journal de voyage entrepris de mars à septembre 1904. Foucauld nous donne, pour par jour, l’itinéraire suivi et, chemin faisant, quelques détails géographiques sur les Taïtoq, les Iforas et les Hoggar, sur la disposition et le débit des principaux puits, l’état des villages, une courte description des régions naturelles, des tribus, des Touareg rencontrés. C’est une mise au point géographique de l’Ahaggar.

     Les renseignements concernant la géographie humaine sont plus nombreux, car ils permettent de mieux connaître ces gens de l’Ahaggar, parmi lesquels l’ermite vite et voudrait attirer des savants, des prêtres, des civils.

 

     Dans ses lettres, dans son rapport adressé de Tamanrasset à M. Hours (R.P. Coudray, Charles de Foucauld, page 40 + NdLT : il s’agit de la lettre du 9 janvier 1912, in Correspondances lyonnaises, Karthala, pages75 à 89), Foucauld étudie l’origine historique de la race et de la langue des Touareg, leur type anthropologique, leurs mœurs, leur genre de vie, toute une foule de renseignements épars et fort curieux. Dans sa correspondance et dans ses conversations avec des hôtes de passage, il fait preuve d’une culture et d’une information très étendues – bien qu’il s’en défende toujours avec beaucoup d’humilité. Il observe, lit, pense, établit des comparaisons, aboutit à des déductions.

     L’œuvre scientifique principale de l’ermite du Hoggar concerne l’étude de la langue des Touareg. Dès 1904 et pendant toute sa vie saharienne, « une grande partie de son temps, presque tout celui qui n’est pas employé à marcher et à prier, est occupé à étudier la langue » (Gorrée, Sur les traces de Charles de Foucauld, page 189).

     « Les populations de cette région, comme celle du Maroc  parlent moins l’arabe que le berbère, vieille langue du nord de l’Afrique et de la Palestine, celle que parlaient les Carthaginois, celle de sainte Monique… langue qu’aimait saint Augustin parce que c’était celle de sa mère… J’e l »’avais apprise autrefois – écrit-il – au Maroc et avec Motylinski à El Goléa en 1885 – et oubliée, st m’y remets un peu pour pouvoir causer avec tout le monde » (ibid., page 191).

     La question linguistique l’a toujours intéressé. Au Maroc ; il a essayé, en vain, au cours de son exploration, de découvrir des « kanouna » écrits en berbère ancien (Foucauld, Reconnaissance au Maroc, page 128).

 

     (à suivre)

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4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 21:12

L'oeuvre scientifique de charles de Foucauld (14)

 

 

     (Voir introduction de cette série au 8 décembre 2011)

 

     Foucauld décrit avec amour ce balcon d'où il domine tout l'Atakor n Ahaggar, la Koudia des Arabes. « Je suis absolument seul au haut d'un mont... nœud orographique du pays... le regard embrasse le massif de l'Ahaggar (Gorrée, Sur les traces de Charles de Foucauld, page 273). La vue est plus belle qu'on ne peut le dire ni l'imaginer. Rien ne peut donner une idée de la forêt de pics et d'aiguilles rocheuses qu'on a à ses pieds : c'est une merveille. On ne peut le voir sans penser à Dieu ; j'ai peine à détacher mes yeux de cette vue admirable, dont la beauté et l'impression d'infini rapprochent tant du Créateur ; en même temps sa solitude et son aspect sauvage montrent combien on est seul avec Lui et combien on n'est qu'une goutte d'eau dans la mer » (ibid., page 274).
     Cette description imagée rappelle celles de la « Reconnaissance au Maroc », mais cette fois il ne s'agit plus de géographie, mais de mysticisme.
     Qu'il soit installé à Beni-Abbès, Tamanrasset ou à l'Asekrem, il quitte périodiquement ces lieux pour partir en tournées selon l'occasion : le passage de ses anciens camarades Laperrine et Motylinski, d'une mission militaire ou scientifique.
     On compte qu'il a passé près de quatre ans en voyages et qu'il a parcouru alors plus de 12.000 kilomètres, en partie à pied. En transposant une parole de Bugeaud, on peut dire que l'ermite du Hoggar « s'est fait nomade pour atteindre les nomades », à travers le Touat, l'Ahnet, l'Ahaggar, le Gourara, le Tanezrouft et jusqu'au Tassili nord de l'Adrar. Les trois plus longues randonnées ont duré chacune un an environ, deux en 1904 et 1905, de compagnie avec Laperrine pour « apprivoiser les Touareg », la troisième avec Motylinski en 1906.
     Ses autres déplacements et ses séjours ont pour objet « de causer, de donner des médicaments, des aumônes, l'hospitalité du campement, se montrer le frère du touareg, leur répéter que nous sommes frères en Dieu » (Gorrée, Sur les traces de Charles de Foucauld, page 195). Il y a loin des étapes de l'explorateur du Maroc, uniquement préoccupé d'observer la nature et les hommes qui l'entourent pour accroître le domaine de nos connaissances géographiques.
     S'il accepte ces voyages lointains dans le Sahara, c'est pour voir beaucoup d'indigènes, les secourir, « faire tomber leur défiance, disparaître leurs préjugés contre nous, nous faire connaître, estimer, aimer d'eux, leur prouver que nous les aimons, établir la fraternité entre eux et nous... » (Gorrée, Sur les traces de Charles de Foucauld, page 195).
     Il ne s'agit plus, dans son esprit, d'étudier le pays. Dès juin 1904, il écrit : « De géographie, d’exploration, je ne fais pas l’ombre… » (ibid.). Cependant il rédige, dans son diaire – son journal – une longue note, résumé de l’expérience de ces cinq premiers mois du voyage de 1904, sous le titre : « Observations sur les voyages des missionnaires dans le Sahara » (ibid., page 193 + NdLT, voir Carnets de Beni-Abbès, pages 114 à 138). Il nous a laissé peu de choses sur le relief, mais une carte manuscrite de l’Ahaggar avec limites de 21 régions et d’intéressantes notes de topographie locale.

 

     En outre, on lui doit les premières observations météorologiques relevées à Tamanrasset pour le compte de l’Institut d’Alger. « Pendant vingt ans, les observations du Père de Foucauld ont été les seuls documents sérieux que l’on possédât sur le climat du Hoggar. Même aujourd’hui, l’exploit météorologique que constituent les observations de l’Asekrem – à 2.800 mètres d’altitude – n’a pas été renouvelé. » (Jean Coulomb, Bulletin de l’Enseignement public au Maroc, Janvier-Mars 1941, cité par le R.P. Coudray).

 

     (à suivre)

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 19:55

L'oeuvre scientifique de charles de Foucauld (13)

 

 

     (Voir introduction de cette série au 8 décembre 2011)

 

     Avec la ténacité de l’explorateur du Maroc, Foucauld a mûri son projet, l’a réalisé, s’y est tenu et, le soir, au clair de lune, bien souvent au milieu de prières ferventes, il a dû se souvenir de la « Leïla el kedr » qu’il n’avait fait qu’entrevoir en 1884, à l’oasis de Tanzida. Il le reconnaît presque, quand il écrit, dès son arrivée : « comme climat, langue, mœurs, Beni-Abbès ressemble absolument à Tissint, Tatta, Akka » (Gorrée, Sur les traces de Charles de Foucauld, page 152).

     Foucauld, l'explorateur du Sud algéro-tunisien de 1885, connaît bien également le Sahara algéro-marocain et, dès juillet 1902, il confie à son ami Laperrine le projet de se fixer au Hoggar ; celui-ci l'approuve. De fait, le combat de Tit, du 7 mai 1902, a soumis le pays à la France.

     En février 1904, Laperrine, entièrement gagné au projet du Père, retrouve « ... Foucauld, reparti à méhara et en rehala (mais) avec le bâton du pèlerin... Mis face à face avec la vie aventureuse, le Foucauld du Maroc se retrouve, il regrette son sextant » (R.P. Gorrée, Sur les traces de Charles de Foucauld, page 190).
                                                                                 *
                                                                               *  *
Le Père vit au Sahara du 28 octobre 1901 - date de son installation à Beni-Abbès - jusqu'à sa mort, le 1er décembre 1916, à Tamanrasset. Compte tenu de quatre absences, l'une pour aller chez les Pères Blancs à Maison-Carrée en 1906 et les trois autres pour aller en France, on calcule qu'il a 14 années de présence effective dans ce pays.
     Il se fixe près de trois ans et demi à Beni-Abbès, de 1901 à 1905, en deux périodes inégales séparées par sa première tournée d'apprivoisement des Touareg. Dès août 1905, il est décidé à s'établir en pays targui, récemment pacifié. Le 13 août, grâce à son ami Laperrine, il peut acheter un lopin de terre à Tamanrasset et s'y installe à 650 kilomètres d'In Salah. Il a choisi sa nouvelle résidence au cœur de la plus forte tribu nomade du pays. Il y vivra neuf années de sa vie en cinq séjours échelonnés du 13 août 1905 à sa mort, « à 300 mètres d'un village de 100 habitants, dans un large cirque entouré de montagnes ». La poste y passe tous les quinze jours et lui assure, par le courrier, la liaison avec le monde, avec sa famille, ses amis et ses correspondants. Il s'est installé sur « le grand chemin entre l'Algérie et l'Aïr, entre In Salah et Zinder » parce qu'il y « vient des caravanes du Damergou, de l'Aïr, du Niger... «  (ibid., page 273).
     Dès mai 1910, il se fit construire un deuxième ermitage à 50 ou 60 kilomètres de Tamanrasset, en plein cœur de l'Ahaggar, au point le plus central de massif montagneux... sur un plateau élevé, d'environ 500 mètres de diamètre, l'Asekrem à 2.804 mètres d'altitude. Il choisit ce point parce que « les tentes occupées par les femmes, les enfants et les vieillards n'en sortent jamais » et qu'il peut y « prendre contact avec d'autres tribus » (ibid., page 264) qu'il ne voit pas à Tamanrasset. Il appelle pompeusement son nouvel ermitage une « maison de campagne » et projette d'y passer tous les étés ; de fait, il n'y séjournera que près de 6 mois du 6 juillet au 15 décembre 1911.

 

     (à suivre)

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