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Bienvenue dans ce lieu virtuel qui porte le nom de l'ermitage de Charles de Foucauld à Tamarasset !

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4 octobre 2006 3 04 /10 /octobre /2006 22:21

Le testament de Charles de Foucauld.

     Par Jean-François Six, Maurice Serpette et Pierre Sourisseau, Fayard, 2005, 300 pages, 18 €.

 

Charles de Foucauld a bien rédigé un testament proprement dit, daté du 13 décembre 1911 et précisé sur trois points en 1913. Mais, lui qui « a vécu en quasi-ermite à Nazareth, en moine quasi-cloîtré à Beni-Abbès, enfin en « missionnaire isolé » au Sahara » (p. 227), a transmis à la postérité un tout autre héritage, un « testament spirituel ».

C’est de lui dont il est question dans cet ouvrage, fruit d’une collaboration à trois mains, celles d’experts qui ont fortement contribué à la meilleure connaissance de la vie et des œuvres du Bienheureux.

Par « testament spirituel » on peut entendre l’ensemble des projets et des volontés que Charles de Foucauld a élaboré et manifesté au cours des cinq dernières années de sa vie - du 1er décembre 1911 au 1er décembre 1916 – et qu’il a légués à ses disciples pour que ceux-ci puissent vivre et développer l’esprit de Nazareth.

Cette période de cinq ans prolonge en plusieurs domaines les intuitions nées dès 1901 et les travaux menés depuis 1904, travaux dont la finalité exprimée par Charles de Foucauld lui-même est, comme le rappelle d’emblée Jean-François Six, l’évangélisation des Touaregs (p. 14), fondée sur « l’apostolat de la bonté ». « Foucauld est parvenu à 50 ans à une synthèse de vie spirituelle achevée et à un concept de vie missionnaire accompli » (p. 230).

En sept chapitres chronologiques plus une longue conclusion de 72 pages, les trois auteurs montrent clairement que tout ce que Charles de Foucauld exprime dans la dernière partie de sa vie a été longuement réfléchi et expérimenté, et représente ce à quoi il a vraiment voulu aboutir, ce qu’il a voulu transmettre : « La Mission est devenue pour lui première ; c’est le centre de sa vie spirituelle : le nom « Jésus » signifie « Sauveur », répète-t-il ; pour être conforme à Lui, il faut être « sauveur » avec Lui, sauveur universel », conclut ultimement Jean-François Six (p. 287).

  Maurice Serpette expose les conditions de la présence de Charles de Foucauld dans le Sahara français, ses réactions devant l’état social et moral de cette colonie, ses rapports avec les autorités françaises et indigènes. « Pour Foucauld, les colonies sont des extensions de la mère patrie, qui est elle-même une extension de la famille. Tous les enfants sont donc frères, mais, comme dans les familles, ceux qui sont en avance s’occupent de ceux qui sont en retard ; les aînés aident les cadets à devenir leurs égaux » (p. 35).

La vision foucauldienne de la colonisation est à la fois en accord et en désaccord avec celle de son époque. L’expansion coloniale est un fait de nature, bon en soi, mais qui est dénaturé si, comme au début du XXe siècle, le laïcisme et le matérialisme égoïste en sont les conditions.

Pour Charles de Foucauld, francisation et évangélisation sont deux objectifs qui vont de pair. Mais il comprend que cette double entreprise n’aura pas un succès rapide. Aussi, en plus de ses tentatives pour constituer une communauté religieuse, forge-t-il « deux outils importants et féconds » pour sa postérité : le « formidable corpus de ses travaux sur la culture et la langue touarègues » (p. 45) et une association ou confrérie apostolique pour l’évangélisation de nos colonies, une union coloniale catholique composée de membres de toutes vocations et de toutes conditions, reconnue sous le nom d’Union des Frères et Sœurs du Sacré-Cœur de Jésus.

Jusqu’à sa mort, Charles de Foucauld va travailler à la mise en forme de ces deux outils d’évangélisation. Dans un chapitre intitulé « Charles de Foucauld devant la tourmente de la guerre », Pierre Sourisseau, archiviste de la Cause de postulation du Père de Foucauld, décrit la manière dont Charles de Foucauld, « l’esprit à la frontière » (p. 132) vit à distance (et quelle distance !) la Grande Guerre. Puisqu’il est « mobilisé sur place » (p. 124), il organise la vie à Tamanrasset « pour la défense de son prochain » (p. 127). « Il considère son immobilisation au Sahara comme une « mobilisation » dans une longue retraite où il désire voir mûrir les « Statuts de l’Union » et les « Conseils » qu’il veut remettre à chaque frère et sœur du Sacré-Cœur de Jésus lors de son adhésion » (p. 142). 

Jean-François Six décrit dans tous les détails, année après année, la genèse et la mise en œuvre de l’Union : de son apparition dans l’esprit de Frère Charles au début de l’année 1908, jusqu’à son approbation par Mgr Bonnet, pour son diocèse de Viviers en septembre 1913, en passant par les différents projets de rédaction des statuts, qui seront modifiés jusqu’en 1915 par Charles de Foucauld, et tous les efforts de ce dernier pour convaincre et regrouper un minimum de membres : « On peut dire que la vision spirituelle qu’elle [l’Union] représente est tout particulièrement le « testament » de Charles de Foucauld » (p. 77). Ou encore : « ce que nous appelons « le Testament » de Foucauld », dit Jean-François Six, est  « sa dynamique missionnaire » (p. 278).

Il y a un peu plus d'un an, ce livre est arrivé à point nommé pour mettre en lumière de manière scientifique certains aspects importants de la pensée de Charles de Foucauld, à la veille de sa béatification.

                                                                                                                                L.T.

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