Note n° 7 sur son témoignage :
" C’est le travail préparatoire à l’évangélisation, la mise en confiance, en amitié, apprivoisement, fraternisation…" (17 juin 1904)
Charles de Foucauld a choisi une terre difficile pour être missionnaire, à contre-courant d’une recherche de réussite, d’efficacité, de fécondité. Cette fécondité, il le sait, elle est dans la Croix de Jésus, dans la faiblesse des moyens humains. Il vivra la mission comme une passion, dans les deux sens de ce mot : il accepte de donner sa vie jusqu’à mourir comme le grain mis en terre, et il aime passionnément Jésus, dont il voudrait « crier l’Évangile sur les toits », et les hommes ses frères, dont il veut être sauveur avec Jésus.
Le mystère de l’Évangile auquel il se ressource souvent est celui de la Visitation. Il aime contempler cette scène : Marie, dès qu’elle a reçu Jésus en elle, va le porter chez sa cousine Élisabeth, et Jésus, encore dans le sein de sa mère, sanctifie Jean-Baptiste avant sa naissance. Charles aussi veut se rendre « en hâte » vers ceux à qui il veut faire connaître l’Amour, « comme Jésus est allé à eux en s’incarnant ». Il croit au rayonnement caché de l’Eucharistie où Jésus se donne pour la vie du monde ; il devient lui-même, par son engagement, comme une présence vivante de ce pain partagé pour nourrir les pauvres et les petits. Il imagine même un réseau fraternel de tous les baptisés : des prêtres, des religieux, des religieuses, des laïcs, qui seraient volontaires pour une vie simple selon l’Évangile, et pour une prise en charge responsable des « plus délaissés ». Il souhaite à chacune et à chacun de ces volontaires de l’Amour d’avoir un cœur de « frère universel » comme Jésus, dans l’enracinement et l’engagement concret de leur « Nazareth ».
Toutes ces priorités qu’il met en œuvre spontanément sur le terrain de sa mission saharienne peuvent fournir un nouvel élan à la vocation missionnaire aujourd’hui. Nous ne sommes plus dans le contexte historique dans lequel Charles de Foucauld voulait vivre en « frère universel », mais on peut s’inspirer de ses intuitions aujourd’hui encore,…y compris dans ces pays d’ancienne chrétienté qui sont tout autant « pays de mission ».
(à suivre)