Suite de la méditation pour le Mercredi des Cendres 23 février 1898
Quel serrement de cœur pour votre mère, qui voit en frémissant l’avenir, la carrière qui s’ouvre devant vous ; pourtant elle est résignée : elle adore, accepte, aime la volonté de Dieu : mais tout en voulant à plein cœur tout ce que Dieu veut, même vos douleurs, comme elle les souffre de tout son cœur aussi… Et vous, mon Dieu, vous partirez à la fois triste et joyeux, joyeux d’offrir à Dieu ce sacrifice complet, joyeux de Lui donner une telle gloire, joyeux de faire ce bien aux hommes : « vous êtes si pressé s’être baptisé de ce baptême de votre sang ». Vous désirez « d’un si grand désir » en être à votre dernière Cène… Vous êtes triste, cependant, de la tristesse de votre mère… triste aussi de cette tristesse qui voile si souvent votre visage en vos jours mortels, à la pensée du grand nombre des âmes que votre sacrifice ne sauverait pas, de ce grand nombre de vos enfants perdus pour toujours, et de la mer de péchés et de douleur qui inondent le monde… triste enfin de cette tristesse qu’éprouve la nature humaine la plus parfaite en quittant, surtout en quittant, pour un si grand changement de vie, les lieux où ont été coulés des jours paisibles et heureux entre des êtres aimés. Vous avez parcouru tant de fois ces lieux, enfant, adolescent, homme, entre Marie et Joseph ! Comment ne seraient-ils pas chers à votre cœur si tendre ! Vous y avez tant de fois adoré, contemplé votre Père, vu le ciel ouvert… Comment le souvenir de ces douceurs célestes, attaché à ce coin de terre, ne vous attendrirait-il pas ?... Mon Seigneur Jésus, faites-moi passer cette dernière nuit entre vous et votre mère et faites-la moi passer de manière à vous consoler le plus possible, je vous le demande de tout mon cœur, en vous, par vous et pour vous.
Amen.
Ô Mère bien-aimée, appuyez ma prière auprès du Cœur sacré de Jésus.
Source : Considérations sur les fêtes de l’année, nouvelle cité, 1987, pages 142-143.